Ambigüité, dualité
Hier, je suis allé voir un film de Sci-Fi : Elysium et je me suis demandé pourquoi Jodie Foster s'exprimait en français dans ce film en VO. Et j'ai réfléchi à une sorte de message subliminal car elle n'avait pas le beau rôle dans ce scénario, plutôt du genre Iznogood qui veut être calife à la place du calife.
De là, je me suis mis à réfléchir sur quelques ambigüités présentes dans la bible, et notamment dans l'attitude du Christ. Je vais prendre un exemple puisé dans l'article "Pierre" que j'ai publié récemment. Quand Jésus répond à Pierre " Tu es Pierre et sur cette pierre", il n'est pas sans savoir, même si la déclinaison grecque du mot est différente, que le mot a même racine. Or, fait intéressant, il dit cela pourquoi ? parce que Pierre vient de lui dire qu'il est le Christ, le fils du Dieu vivant, personnage identifié dans la bible comme étant la pierre de fondement du temple spirituel, donc principale de tout l'édifice. Il lui dit même que ce n'est pas la chair et le sang qui lui ont révélé cela mais son père qui est dans les cieux. D'ailleurs, il ne dit pas à Pierre, sur cette pierre je baptirai TON église mais plutôt MON église.
A un autre moment, Jésus dit à Pierre qu'un jour quelqu'un le ceindrait et l'emmènerait là où il ne voudrait pas aller pour lui signifier qu'il serait exécuté par Rome et à Rome. A cet instant, Pierre demanda ce qu'il en serait pour Jean et Jésus de répondre, "Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, en quoi ça te regarde ? Toi, suis moi !" Effectivement, Jean est resté vivant et reçut la révélation ou Apocalypse alors qu'il était enfermé sur l'île de Patmos à l'âge de plus de 100 ans, pas mal pour l'époque !
Donc, Jésus savait que Pierre, personnage fondamental de son mouvement, ouvrirait la porte à de nombreux fidèles et mourrait à Rome en témoignage pour lui. On aurait voulu infecter l'Empire Romain d'une nouvelle religion qu'on ne s'y serait pas pris autrement. D'ailleurs, à quoi Jésus compare t-il le Royaume des cieux dans ses paraboles ? Un arbre dont les branches atteignent les cieux si bien que même les oiseaux du ciel viennent s'y nicher ou alors à du levain qui fait lever toute la pâte (Luc 13:18-21). Ces comparaisons ne suggèrent rien de bon, bien-sûr l'extension du début est une bonne chose (l'arbre grandit, la pâte gonfle) mais que signifie le levain dans la bible ? C'est la corruption, la méchanceté. Les oiseaux sont également de mauvaise augure. Par conséquent, on peut affirmer que Jésus savait qu'une nouvelle religion "la chrétienté" allait naître et se corrompre en grandissant. Il n'a pas eu l'illusion qu'il fallait empêcher cet état de choses, au contraire, d'autres commentaires suggèrent que la parole serait diffusée dans la plus grande confusion. Ne dit-il pas à ses disciples "Vous êtes le sel de la Terre" ou que ce serait à la fin des temps qu'il viendrait faire le tri et jeter la mauvaise herbe au feu mais mettre le blé dans ses magasins ?
Que voulait Jésus ? Etendre la foi des Juifs à la Terre entière et montrer qu'il avait tout pouvoir et surtout celui de la vie éternelle, un espoir fondamental qui allait changer la motivation des êtres (au bandit mourrant, il promit le paradis, pourquoi ? simplement par sa foi en lui, gage de sa bonne volonté).
A la recréation (c'est pas rien, quand on songe ce qu'est une création), les gens reviendront et il est évident que cela sera plus facile pour ceux qui ont appris à écouter la discipline du Père.
Ambigüité et dualité sont présentes constamment dans la bible depuis son commencement, ainsi par exemple : la création est bonne mais Dieu ("Elohim") doit cultiver un jardin pour y mettre son humain. Voulait-il le protéger mais alors de qui et de quoi ou alors était-ce un laboratoire ? Notre vie ressemble à une expérience ayant pour but de nous éduquer. Stimuler la réflexion et l'imagination semblait aussi une évidence pour Jésus qui parlait souvent en paraboles et rejetait les traditions dépourvues de sens. La foi aussi, Jésus disait qu'on en avait très peu et en trouverait-il quand il reviendrait ? Cette foi a permis à Pierre de marcher sur l'eau puis il s'enfonça car il eu un doute, cette foi-là n'avait rien de moral, c'était juste croire qu'on pouvait marcher sur l'eau ! Curieux.
Pour en revenir au film que j'ai vu, on retrouve toujours le paradigme du héros qui donne sa vie pour sauver le peuple face à une oligarchie en place, curieux ces schémas qui se répètent à l'infini...
Un autre exemple de dualité est celle qu'on trouve dans les deux frères Abel et Caïn, un auteur a d'ailleurs pris ce titre pour l'un de ses romans en décrivant deux personnages très éloignés mais dont le destin faisait croiser leurs chemins.
Abel est décrit comme un éleveur de troupeaux et Caïn comme un agriculteur. Dieu regarde avec faveur Abel pour ses sacrifices mais pas Caïn. Or Abel tue des animaux pour les sacrifier. Dieu avertit Caïn en lui disant qu'il faut se mettre à faire le bien mais Caïn en vient à tuer Abel, et Dieu le laisse vivre, il lui pose cette question : "où est Abel ton frère ?" Lorsque Cain répond "Je ne sais pas, suis-je le gardien de mon frère ?" Dieu se révèle en montrant qu'il n'est pas dupe "Qu'as-tu fait ? Ecoute, le sang de ton frère crie du sol vers moi" Lorsque Dieu lui annonce qu'il sera maudit loin de sa face, Caïn va alors même jusqu'à se plaindre en disant que son châtiment est trop cruel et que quiconque le trouverait sur la Terre le tuerait (tiens ! Il y aurait donc quelqu'un d'autre à part Adam, Eve, Abel et Cain sur Terre à cette époque ?). D'après Jésus, Dieu est le seul à être bon et à faire lever son soleil sur les bons et les méchants. Mais on peut relever cette curieuse dualité qui consiste à voir s'opposer dès le départ bon et méchant, à voir le bon périr (avait-il des circonstances à charge dans son attitude ?) et à laisser vivre le méchant avec une marque lui évitant d'être atteint par autrui (avait-il des circonstances atténuantes ?).
L'existence de pôles est, il est vrai, génératrice d'énergie (plus et moins, par exemple). Les pôles sont aussi des extrêmes où il est diffcile de vivre (Nord et Sud). Cette opposition constante est bien voulue (homme et femme, la confusion des langues à Babel, la rivalité entre Isaac et Ismaël, celle de Jacob et d'Esaü, la division du royaume d'Israël, le foisonnement des philosophies religieuses, etc). Tout cela nous incite encore plus à désirer une paix inaccessible du point de vue humain...