Jésus est-il Dieu ?

Une discussion avec un catholique connaisseur de sa religion vous permettra rapidement de vous rendre compte que pour lui, le concept de la Trinité, rend la réponse à cette question évidente. Rappelons-le, ce concept déclare que les trois personnes sont une seule et même personne, sans commencement, ni fin de vie. On examinera de près quelques passages bibliques se rapportant à Jésus pour se faire une idée plus précise et savoir si ce dogme est fondé, et sinon, quelle peut en être l'origine ?

Le premier :

Lorsqu'on se base sur le raisonnement seul, par exemple en citant le cas de la mort et de la résurrection de Jésus, pour montrer que jésus a disparu pendant 3 jours et que c'est le Père qui l'a réssuscité, ce qui n'aurait pu se faire si Dieu avait été mort, on se heurte au mot "mystère" cher aux catholiques.

Par contre, dire que Jésus est la première création de Dieu, les surprend fortement. Et pourtant, c'est bien ce que disent les Ecritures :

Révélation 3:14 / "Ecris à l'ange de Laodicée: Voici ce que dit l'Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu: ... "

La lettre de Paul aux colossiens est encore plus claire (col.1:15-17) : "Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et toutes choses subsistent en lui...Il est le commencement, le premier-né d'entre les morts, afin d'être en tout le premier. Car Dieu a voulu que toute plénitude habitât en lui."

Lorsque Paul écivit aux Chrétiens juifs dans sa lettre aux hébreux, il dit ceci : "Dieu... nous a parlé, à la fin des jours que voici, par le moyen d'un Fils qu'il a établi héritier de toutes choses, et par l'entremise duquel il a fait les mondes. Il est le reflet de sa gloire et la représentation exacte de son être même, et il soutient toutes choses par la parole de sa puissance, et après avoir effectué une purification pour nos péchés, il s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauteurs. Ainsi il est devenu meilleur que les anges, dans la mesure où il a hérité d'un nom plus excellent que le leur." Heb. 1:1-4 Les versets suivants entérinent ces concepts en citant des versets des psaumes, ce qui parlait effectivement aux juifs attendant le Messie prédit. Les caractères mis en gras permettent de comprendre facilement que Dieu et Jésus réssuscité ne sont pas les mêmes entités, même si leur intrication peut nous paraître complexe.

I Jean 4: 9,10 déclare que : "Dieu a envoyé son fils unique dans le monde"

On en déduit donc simplement que Jésus a été le premier de la création de Dieu, Mais il accorde une grâce d'autant plus grande. C'est pourquoi l'Ecriture dit : Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles.et qu'il est aussi, le premier-né d'entre les morts !

C'est d'ailleurs bien ce qui ressort du passage suivant de Michée 5:1 :"Et toi, Bethlehem Ephrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël, et dont l'origine remonte aux temps anciens, aux jours de l'éternité." Si on parle d'origine, c'est qu'il y a un commencement, or Dieu n'a ni commencement ni fin. Alors que "celui qui vient bientôt" se décrit comme alpha et omega, premier et dernier, commencement et fin. Bien que ce dernier passage peut se référer à un tout ou à une histoire.

Rang de Jésus avant de venir sur terre :

"Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu et la Parole était dieu" (Jean 1.1).

La plupart des traductions rendent le dernier mot "dieu" par "Dieu", d'où la confusion. Au 16ème siècle, Francis Ximenes de Cisneros a publié une version latino-grecque à partir de fragments grecs épars disponibles à l'époque. Il a été suivi de peu par Erasmes dont les écrits ont enflammé Luther et la réforme.

Mais les conceptions en vôgue ont la plupart du temps prévalues et θεός fut traduit par "GOD" et non "a god". Le chapitre 1 de Jean précité poursuit ainsi : "Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été faite sans elle. (...) Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père."

C'est conforme aux déclarations du Christ lui-même : "Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car c'est de Dieu que je suis sorti et que je viens; je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé." (Jean 8:42) "Car je n'ai point parlé de moi-même; mais le Père qui m'a envoyé, m'a prescrit lui-même ce que je dois dire et annoncer." (Jean 12:49)

Différences fondamentales entre le Père et le Fils :

"Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père; car le Père est plus grand que moi." (Jean 14:28)

"En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père." (Jean 5:19)

"Pourquoi m'appelles-tu bon ? Il n'y a de bon que Dieu seul." (Marc 10:18, Luc 18:19)

"(Il) a appris, bien qu'il fut Fils, l'obéissance par les choses qu'il a souffertes" (Héb.5:7,8)

"Pour ce qui est d'être assis à ma droite et à ma gauche, cela ne dépend pas de moi, et ne sera donné qu'à ceux à qui mon Père l'a réservé." (Mat.20:23)

"Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu" (Jean 20:17)

"Dieu est le chef du Christ" (ICor.11:3)

"Car il y a un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme : Christ Jésus, qui s'est donné en rançon correspondante pour tous" I Tim. 2:5,6

"Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde" I Jean 4:9,10

"Car Dieu a soumis toutes choses sous ses pieds. Mais quand il dit que toutes choses on été soumises, il est clair que c'est à l'exception de Celui qui lui a soumis toutes choses. Mais quand toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils aussi se soumettra lui-même à Celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout pour tous." I Cor.15:27,28

"A celui qui nous aime et qui nous a délivré de nos péchés par son sang, et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père..." (Rev.1:6)

"Jésus est la pierre rejetée par vous qui batissez mais qui est devenue la principale de l'angle" (Actes 4:11) Effectivement, Jésus est la pierre de fondement principale du temple spirituel de Dieu composé des saints qui ont part à la première résurrection (céleste). Ce temple doit être habité par l'esprit de Dieu, ou reformulé, un temple que Dieu habite par l'esprit saint ; on a donc Jésus résuscité qui fait partie du temple céleste habité par l'esprit de Dieu, et donc deux entités différentes.

"le dieu de ce monde a aveuglé l'esprit des incrédules de peur que ne les éclaire l'éclatante lumière... au sujet du Christ qui est l'image de Dieu." II Cor.4:4 Il est clair qu'une image n'est qu'un pâle reflet de la réalité.

"Le Dieu et Père deu Seigneur Jésus, - oui, celui qui est digne d'être loué à jamais, - sait que je ne mens pas." II Cor. 11:31 Paul semble émettre ici l'idée que Jésus n'a pas autant de savoir que son Père.

Quand on associe les 3 entités en énonçant : Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, quelle en est l'idée ? Paul la résume de la manière suivante : " (1) Que la faveur imméritée du Seigneur Jésus Christ et (2) l'amour de Dieu et (3) la participation à l'esprit saint soient avec vous tous." II Cor. 13:14

Versets controversés :

Jean 8:24 : "car si vous ne croyez pas que je suis, vous mourrez dans vos péchés" Grec : ἑγὡ  εἱμι ; mot à mot signifie "je suis"

Jean 8:58 : "Avant qu'Abraham fut, je suis" Grec : ἑγὡ  εἱμι ; mot à mot signifie "je suis"

Jean 1:1: "et la parole était dieu" Grec : καὶ θεὸς ἢν ὁ λὁγος ; mot à mot signifie "et dieu était la parole"

Exode 3:14 : "Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Et il ajouta : C'est ainsi que tu répondras aux enfants d'Israël : Celui qui s'appelle "je suis" m'a envoyé vers vous" La Septante (traduction grecque antérieure à l'ère chrétienne traduit ἑγὡ  εἱμι ὁ Ὤν ; signifie "je suis l'étant" ou "je suis l'être". quant au nom qu'il donne en disant : "je suis m'a envoyé vers vous", il s'agit de "ὁ Ὤν" ou "l'étant". En hébreu, le tétragramme YHWH, traduit par Yahweh ou la forme latine plus tardive : "Jéhovah".

II Jean 7 : "Car beaucoup de trompeurs sont sortis dans le monde, gens qui ne confessent pas Jésus Christ comme venant dans la chair. C'est là le trompeur et l'antichrist." Là, le passage ne permet d'affirmer que Jean parlait bien du passé (Jésus étant déjà venu dans la chair) ou bien de l'avenir pour son retour. Quoiqu'il en soit, le Fils se fait chair à un certain moment et le Père reste dans les cieux. On peut supposer que s'il fallait comprendre les choses autrement, Jésus l'aurait expliqué.

L'unité du Père et du Fils :

"Toutes choses m'ont été données par mon Père, et personne ne connait le Fils si ce n'est le Père et personne ne connait le Père si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veutle révéler" (Mat.11:27)

"Un seul est votre Père le céleste... un seul est votre Docteur, le Christ" (Mat.23:9)

"Tu es le Saint de Dieu" (Marc 1:24)

"YHWH le Dieu est un seul YHWH" (Marc 12:29) <-> "YHWH ton Seigneur YHWH et un" (Deut.6:4). Dans la bible hébraïque, on a bien le nom de Dieu dans le passage cité de l'évangile. Ce qui explique les paroles de Jésus "Que ton nom soit sanctifié" ou "je leur ai fait connaitre ton nom et je le leur ferai connaitre afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et que je sois en eux" (Jean17:26)

"le Père ne juge personne mais il a remis tout jugement au fils" (Jean 5:22)

"qu'ils soient un comme nous sommes un" (Jean 17:11) "afin qu'eux aussi soient un en nous" (Jean 17:21, 22)

Rang de Jésus de retour dans les lieux célestes :

"Dieu, en effet, a tout mis sous ses pieds. Mais lorsqu'il dit que tout lui a été soumis, il est évident que celui qui lui a soumis toutes choses est excepté. Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra à celui qui lui a soumis toutes choses afin que Dieu soit tout en tous." (ICor.15:27,28) 

Cette liste n'est pas exhaustive et est susceptible d'être enrichie par des commentaires ultérieurs.

Origine du dogme de la Trinité :

Des érudits catholiques admettent que Tertullien (150-225 apr. J.-C.) fut le premier écrivain à utiliser le terme de « trinité ».

The Roman Catholic New Theological Dictionary, en se référant à l’enseignement biblique traitant de la nature du Saint-Esprit, au chapitre « Trinité », admet ceci : « En tant que tel, l’Esprit n’a jamais fait l’objet d’un culte explicite dans le Nouveau Testament, et n’a jamais été non plus décrit dans les discours du Nouveau Testament, comme une entité entretenant des relations réciproques et personnelles avec le Père et le Fils »

Plus loin, dans ce même article, des érudits catholiques modernes, discutant du fond de l’orthodoxie relative à la Trinité, reconnaissent que des influences païennes ont marqué leur théologie :

Des chrétiens […] versés dans la philosophie devenue dominante à l’époque du moyen platonisme saisirent l’occasion de déclarer et d’expliquer le message chrétien selon une façon de raisonner, qui était familière aux classes éduquées de la société hellénistique implantée partout […] Persuadés que le Dieu qu’ils (les philosophes grecs) enseignaient était le Père de Jésus-Christ, et que le salut qu’ils proclamaient était celui de Jésus, les apologistes adoptèrent un grand nombre de points de vue hellénistes [… Tertullien] est connu pour avoir été le premier à employer le terme « trinité ».

Origène s’appropria la philosophie du moyen platonisme de façon plus systématique que les apologistes et que Tertullien ne l’avaient fait. Mais son « concept de la génération éternelle » n’était qu’une adaptation de la doctrine du moyen platonisme, selon laquelle le monde spirituel tout entier était éternel.

Le Fils est éternellement issu (ou engendré) de la toute existence de Dieu et, par conséquent, de l’essence même du Père, mais en second après le Père […] Origène, comme Tertullien, inventèrent un terme générique pour les « trois » de la divine triade. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont « trois hypostases » […] La contribution majeure d’Origène, dans le formulation de la doctrine de la Trinité, fut la notion d’éternelle génération. Ce terme générique désignant les « trois » (hypostases) fut ensuite adopté et affiné au quatrième siècle (page 1054).

C'est au Concile de Nicée (tenu du 20 mai au 25 juillet 325) que l'empereur Constantin le Grand, alors non baptisé, trancha en faveur de la Trinité dans la rixe qui opposait les évèques Arius et Athanase. Il fut décidé que soient anathématisés tous ceux qui ne se conformaient pas au credo de Nicée.

Moïse, image de Jésus :

Contrairement à Jésus, Moïse a eu sur terre une longévité prolongée, 120 ans. 40 ans avant sa fuite au désert, 40 ans d'exil au pays de Madian, 40 ans comme chef du peuple d'Israël et porte-parole de Jéhovah Dieu.

Plusieurs analogies entre les 2 presonnages sont à souligner. Tout d'abord, c'est Moïse lui-même qui annonca le prophète plus grand que lui, que le peuple devrait écouter. (Deut.18:15,20)

En effet, Moïse est connu en tant qu'intercesseur de Dieu pour le peuple d'Israël. Bien qu'il ne fit que retranscrire les lois divines, il eu le rôle de législateur pour Israël. Une alliance fut conclue entre le peuple et Dieu par son intermédiaire. De même, Jésus par son sang, meilleur que celui des sacrifices d'animaux de la Loi juive, est intercesseur pour le peuple, il est aussi chef de la nouvelle alliance. En tant que roi du royaume de Dieu, il juge aussi les nations avec une verge de fer, ce qui rappelle un peu les 10 plaies contre l'Egypte.

Jésus est le seul à  parler directement avec Dieu qui lui répond (résurrections, voix du ciel lors du baptème...), à l'image de Moïse dont le visage brillait à cause de sa proximité avec la divinité, on peut penser aussi à la transfiguration.