Sacré et sainteté
Sacré signifie dévoué, consacré à une divinité. Le mot définit une frontière de ce qui appartient à un dieu.
Sainteté revêt une notion de pureté, de quelque chose dépourvue de tâche, de défaut par rapport à des critères divins.
Pourquoi avoir lié ces deux termes dans cette réflexion ? Parce qu'il arrive souvent que ce qui est saint soit sacré et réciproquement.
Par exemple, le temple de Jérusalem était sacré, de par sa nature et de ses offices qui étaient saints. Sa violation fut un sacrilège.
Il arrive aussi qu'un édifice ou un objet ait été sanctifié (donner un caractère sacré), les sanctuaires étaient des endroits où des sacrifices animaux ou même humains (chez les paiens) étaient perpétrés. Il est à noter qu'Abel, dans la Bible, voyait ses sacrifices (prélevés sur ses troupeaux) agréés par Dieu (Gen. 4:4).
Bien que les hommes ne soient pas dépourvus de défauts (excepté l'homme-dieu Jésus), beaucoup furent déclarés saints en raison de leur vie conforme à une ligne de conduite découlant de leur foi, qui dans le christianisme peut avoir comme effet le pardon, la rémission des fautes. Dieu ne regarde pas, en effet, les fautes de celui qui s'est sincèrement repenti.
Certaines choses ont été définies sacrées dans la Loi de Moïse. En tout premier lieu, le nom de Dieu (Yahwah, le processus d'Etre et de Réaliser/Créer), ensuite la vie (ne pas l'ôter inconsidérément, même pour l'animal), la Loi (parole émanant de Dieu) et puis le sang (rappel de cet aspect divulgué à Noé de qui est issue, d'après la Bible, toute l'humanité actuelle).
On parle aussi de sacrement, ce qui voudrait dire qu'il serait possible pour un homme de rendre sacré un évènement, un objet, voire une personne (on peut penser au sacrement de Charlemagne ou de Napoléon par le Pape censé leur conférer la stature d'Empereur de droit divin).
Or, c'était bien le cas en Israël, lorsqu'un roi était instauré par onction. C'est à dire, que le prêtre versait de l'huile sur la tête du futur roi pour symboliser la bénédiction de l'esprit divin.
Le terme "sacré" se réfère plutôt à un changement d'état alors que "saint" évoque plutôt la nature de cet état. Ainsi, on parle d'esprit saint, celui-ci ayant toujours été saint et le fait de le contredire est qualifié par Jésus de péché contre l'esprit, chose qui ne peut être pardonnée, ni aujourd'hui ni demain (Luc 12:10).
La
sainteté pour Dieu ne doit pas être considérée comme une exception. Pour communier avec lui, les créatures doivent être saintes. En effet, Dieu déclara à son peuple "Vous devez être saints car je suis saint". Ce n'est pas une option, ou quelque chose qui ne regarde que certains privilégiés. Pour être approuvé par Dieu, les hommes doivent être saints. Bien entendu, nous avons vu que cela est impossible actue llement et c'est pour cela que nous avons besoin de Jésus et de son sang versé qui, saint, a le pouvoir de racheter (ce que les sacrifices d'animaux au temple étaient censés faire) mais une fois pour toutes cette fois. Cela fut également figuré par le serpent élevé dans le désert et tous ceux qui le regardaient étaient sauvés de la plaie (Nb 21:9;Jean 3:14,15). Pourquoi un serpent pour représenter Jésus ? Parce qu'en mourant c'est les fautes des humains qui furent clouées. Psychlogiquement, il y a déplacement de la culpabilité individuelle par la foi que Jésus sauve. D'où ensuite le rapprochement vers Dieu. Mais pour conserver cet état de saint, l'homme doit combattre ses tendances naturelles pour préserver sa sincérité dans la foi. Sans combat, le mal s'insinue et pourrit la foi, puis le mal s'instaure et gouverne, considéré comme normal par celui qui a perdu la foi.Le vrai chrétien doit donc être saint. Il est une pierre dans l'édifice de Dieu. Ses tâches sur Terre sont sacrées, car personne d'autre dans l'univers ne peut s'en charger. La principale tâche d'un chrétien sont la vertu et le service. La vertu sont les qualités cultivées dans la personnalité, le service sont les actions réalisées telles que la parole confessant sa foi. Vertu et service sont sacrés et permettent au chrétien de faire rayonner la lumière de l'esprit et de la parole de Dieu dans un monde enténébré. On peut facilement démontrer que telle était l'attente de Jésus envers ses disciples mais je trouve une parole de Paul plus éloquente encore : "Que l'impudicité, qu'aucune espèce d'impureté, et que la cupidité, ne soient même pas mentionnées parmi vous, ainsi qu'il convient à des saints... Que personne ne vous séduise par de vains discours; car c'est à cause de toutes ces choses que la colère de Dieu vient sur les fils de la rébellion" (Eph.5:3-6). Conclusion : "N'ayez donc aucune part avec eux." (Eph.5:7). Et on revient à notre définition du sacré, de séparé, consacré. D'où, les monastères et l'existence de la vie monastique. En effet, bien tôt les hommes d'église se sont aperçu de l'incompatibilité entre les critères de sainteté et les réalités du monde politique et guerrier de leurs temps, ils ont donc imaginé des gradations et des lieux fortifiés censés préserver leur particularisme.
La sainteté est illustrée par la lumière. "Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité" (Eph. 5:9). Il s'agit bien d'un état variable, plus ou moins intense.
Le sacré est plus symbolisé par l'Or, métal épuré, ce qui était le cas des ustensiles du Temple ou de la couronne des rois. Sacré est plus destiné à un usage, celui de donner plus d'emphase à la teneur de sainteté de la personne qui confère par l'objet un pouvoir sacré.