Translation/Compensation

J'ai hésité à faire paraître cette rubrique plutôt dans la partie philosophique que dans la partie spirituelle de mon blog, mais ma décision de la traiter en tant que domaine spirituel découle des référents qui relèvent principalement de cette nature.

Une observation objective de l'univers matériel qui nous entoure m'a fait penser à ce que la Bible nous rappelle constamment, à ce que les oeuvres de Dieu louent leur créateur. Comment le font-elles ? De manière silencieuse, mais ce sont les qualités intrinsèques telles que beauté, complexité, générosité, puissance, etc qui nous inspirent des sentiments de louange vers Dieu. Mais dans cette réalité, nous ne sommes pas indispensables. En effet, nous n'existerions pas que cette réalité atteindrait Dieu qui resterait témoin de cette louange ; en témoingne le premier chapitre de la génèse où Dieu s'exclame en disant que tout ce qu'il avait fait était très bon.

Contrairement à ce qui existe chez les animaux, et particulièrement à ceux qui nous sont le plus proches, les mamifères, l'homme, ou tout au moins celui dont on parle dans la Bible, a la capacité de dépasser ses instincts grâce à la réflexion intellectuelle. Cette réflexion, même pour l'homme qui n'est pas religieux, lui donne une capacité d'abstraction et des motivations qui dépassent sa propre personne. Il peut penser à queque chose de plus grand que lui, une collectivité, une société, une nation, une humanité, etc. On peut dire qu'il effectue une sorte de translation de son moi intérieur et réalise un recentrage de ses motivations. Plutôt que de se sacrifier pour une cause simplement personnelle ou des intérêts personnels (famille, possessions, etc), il peut aliéner sa vie à une cause générale à laquelle il croit (armée, associations non lucratives, religion, recherche, etc). L'esprit humain est donc capable d'effectuer une translation de ce qu'on appellera une lutte pour la survie personnelle à une lutte pour la survie collective. Cette démarche, bien qu'ayant des retombées concrètes, est essentiellement intellectuelle.

Un jour quelqu'un me posait la question de ce qui différenciait l'"intelectuel" du "spirituel". Dans le mot "spirituel", il y a la racine du mot esprit ; dans le mot "intellectuel", il y a la racine du mot intellect. On peut penser qu'il s'agit de la même chose, ce qui n'est pas le cas dans la Bible. "Intellect" fait directement référence aux processus de la pensée issue du cerveau humain. Quant au mot "esprit", il fait référence certes à l'esprit de l'homme présent dans sa pensée et dont le cerveau est aussi moteur mais pas seulement. En effet, ce serait ignorer l'existence de la force de Dieu identifiée comme l'esprit saint ou esprit de Dieu ainsi que l'existence des anges et autres esprits, autre réalité décrite par la Bible. Il peut donc aussi y avoir une translation du monde intellectuel vers le monde spirituel pour un individu ou une société donnés. Ce fut le cas pour Abraham, qui conscient de réalités supérieures, a pu être connecté à des êtres différents, puis pour Moïse qui, à un moment donné, a pris une décision qui l'a conduit sur un chemin spirituel presqu'en opposition avec son éducation intellectuelle. Tous les apôtres et même Jésus avaient des occupations profanes mais qu'ils ont abandonnées pour se consacrer à des valeurs spirituelles. Dans tous ces cas, la translation fut évidente. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre les paroles de Jésus qui disait que celui qui restait attaché à son ancienne vie, ses richesses éventuelles et qui ne se saisissait pas résolument de son ministère n'était pas digne de lui. Ce n'est pas sur le rejet du monde qu'il faut se focaliser (par exemple en vivant en hermite ou dans un monastère) mais sur la capacité à transcender sa nature matérielle et intellectuelle pour arriver à s'élever vers le haut, dans des sphères spirituelles, domaine familier aux esprits.

Cette translation, dans la Bible, s'est souvent concrétisée par un déplacement géographique. C'est un vrai symbole. Abram devait migrer vers un pays promis, Moïse et le peuple d'Israël ont vécu dans des tentes dans un désert pendant 40 ans, migration entre Egypte et Canaan. Israël et Juda ont connu l'exil avant de pouvoir réintégrer la terre promise, les disciples de Jésus ont parcouru la terre en tant que prédicateurs sans avoir de lieu de repos fixe... On peut penser au buisson ardent où Dieu s'adresse à Moïse en lui disant d'ôter ses sandales car la terre sur laquelle il se tient est sainte. Que voulait-il dire ? Est-ce que les pieds de Moïse étaient plus saints que ses sandales pour faire face à une manifestation de l'esprit de Dieu ? On peut en douter, mais réfléchissons... Pourquoi porte t-on des souliers ? Pour se protéger. Les sandales de Moïse avaient trainé un peu partout et accumulé de la poussière. Pour s'approcher de Dieu, il fallait se défaire de ce passé, de cet héritage. Seule la partie la plus sensible de l'homme pouvait percevoir et recevoir l'influence de l'esprit. Il faut savoir se défaire de ses oripeaux pour s'approcher de Dieu. La repentance dites-vous, oui mais pas seulement. La repentance est une attitude qui remet l'homme à sa place. Il faut reconnaître ses limites individuelles, ne pas s'arrêter à ses défauts pour avancer, il faut se remettre en question, c'est une translation, du soi qui n'a pas une très grande importance vers le monde de l'esprit qui est capital, essentiel (pour le présent et le futur).

D'accord pour la translation dira t-on mais alors quelle compensation ? C'est là que la foi est nécessaire, mais elle n'est qu'un résultat car Paul dit bien que la foi est un don de Dieu. Le fait de devenir spirituel nous approche de Dieu et renforce la foi mais quelle compensation à cette translation ? C'est le don de l'esprit et l'espérance. Jésus l'a promis à ses disciples. Par la prière, on peut demander de l'esprit à Dieu. Est-ce qu'un père donnera une pierre à son fils s'il lui demande du pain ? A plus forte raison, Dieu donnera de bonnes choses à ses enfants s'ils le lui demandent. La résurrection, la Terre promise, c'est pour plus tard ! Dans cet ordre donc, on aura translation puis compensation.