Compassion
L'idée de rédiger cet article me vient après avoir entendu des responsables de l'UE arguer de la compassion chrétienne comme prétexte à accueillir des réfugiés en provenance de divers pays et qui se massent à nos frontières par dizaines de milliers, voire plus.
Avant de statuer pour se prononcer sur des évènements aussi grâves dans leurs conséquences et aussi dramatiques pour ceux qui les vivent, il convient d'en circonscrire les causes, d'en décrire leurs effets immédiats, et de tenter de voir les impacts prévisibles à plus long terme de telle ou telle décision. Il convient également, ce qui parait pour beaucoup insurmontable, d'oublier toute idéologie ou préjugé, afin de faire place au bon sens et de préserver la stabilité et le bien-être général de toutes les populations concernées.
Les causes de migrations massives des populations :
L'Europe est aujourd'hui la cible de deux flux migratoires principaux : celui du sud-est et celui du sud. Au sud-est, les peuples passent via la Turquie et les Balkans et en provenance d'Afganistan, d'Irak et de Syrie principalement; au sud, d'Erythrée et de Lybie, voire d'autres Etats africains ou magrébins.
On qualifie ces gens de réfugiés politiques subissant la persécution dans leur pays d'origine. En fait, le flux massif et brutal de ces derniers mois révèle d'autres causes plus profondes. Par le passé, comme au Soudan par exemple, les déplacements restaient locaux et des camps de réfugiés permettaient de gérer dans une certaine mesure le phénomène. Deux remarques évidentes que l'on peut faire, tout d'abord la volonté de s'établir dans certains pays européens seulement: Allemagne, Suède et Angleterre, ensuite, le paiement du voyage qui se fait, bien que de manière illicite, mais en sommes conséquentes par ces personnes jusqu'à ce qu'elles arrivent chez nous sans le sou. Ce qu'il est donc naturel d'en déduire, c'est que ces personnes sont très bien informées de l'accueil qu'elles recevront et des opportunités économiques dont elles ont de fortes chances de bénéficier. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de l'information dont nous ne mesurons pas encore tous les effets. Les médias montrent dans les foyers les plus modestes, les conditions de vie de populations à l'autre bout de la planète. Auparavant, ils nous permettaient d'être au courant et d'agir à distance. Maintenant, les flux sont bidirectionnels et on s'étonne des conséquences à grande échelle que cela occasionne. Il s'agit d'un nouveau Far-West, une nouvelle conquête de l'Ouest qui ne dit pas son nom. La première motivation du déplacement (lointain) est donc principalement d'ordre économique.
D'autres arguent, non sans raison, que l'occident est responsable d'avoir destabilisé les régions concernées: Afganistan, Irak, Lybie. C'est oublier que ces régions sont instables depuis longtemps, que seules des dictatures très sévères empêchaient l'émergeance des différentes factions et leurs antagonismes. L'Afganistan s'était opposé aux soviétiques, puis était divisé dans des luttes armées entre Talibans et progressistes. Un chef de l'armée soutenue par l'occident, fut tué par un journaliste camicaze qui avait caché une bombe dans sa caméra, peu avant le 11 septembre 2001. Le Koweit avait été envahi par l'Irak de Saddam Hussein, ce qui provoqua la première guerre du golfe. Les choses semblent avoir quelque peu dérappé lors de la seconde guerre du golfe, motivée par une paronoïa consécutive au 11 septembre, lorsqu'on finit par confier la défense des territoires conquis à du personnel local entrainé et armé par l'occident. La même politique de subvention militaire a été poursuivie en Lybie puis en Syrie avec l'instabilité qu'on connait. Les récupérations locales n'ont pas été celles qui avaient été escomptées. En syrie, les peuples qui fuient, fuient les bombardements du dirigeant soit-disant, mais en fait, ce sont des populations qui s'étaient mobilisées contre Bachar El-Assad et qui espéraient une mutation occidentale de leur société, normal qu'ils soient frustrés et qu'ils cherchent à l'atteindre par d'aurtres moyens.
Les effets immédiats :
Que nous enseigne une simple observation des faits aujourd'hui ? Chronologiquement, les premiers migrants sont arrivés par le sud de l'Italie avec une destination en tête, l'Angleterre via Calais. On a vu un pourrissement de la situation, qu'on a tenté de masquer au fil des ans sans chercher à régler le problème en profondeur. Ensuite, ce fut la Grèce et ses nombreuses îles prises d'assaut par des vagues migratoires venant du proche-orient. Un autre passage est inauguré par la Macédoine, qui permet à ces populations de migrer vers le nord via Hongrie et maintenant Croatie. Les pays concernés par ces flux sont débordés et le nombre accueilli représente une part importante en comparaison de la population de ces contrées. Les gens qui sont réfugiés vivent des conditions précaires auxquelles ils ne s'attendaient pas puisque pour eux, l'occident est riche et accueillant (c'est du moins ce que laissait penser les médias qu'ils ont crûs, propagande involontaire ?). Les populations locales sont partagées entre la volonté d'offir une compassion humaine et de se protéger face à la crainte de ne pouvoir contrôler la situation.
Les conséquences probables :
L'Europe est face à une situation inédite car bien qu'ayant accueilli des millions d'individus aux cours des décénies passées, celle-ci fait maintenant face à un débit entrant important et qui a tendance à s'accroître dans le temps. Il est normal de se demander, suite à des mouvements populistes provoqués par les migrations précédentes, ce que cela nous réserve sur la stabilité politique de ce continent. Déjà, les différents pays ne s'entendent pas sur la manière de gérer ces personnes. Certains les veulent, principalement dans un but d'obtenir de la main d'oeuvre qualifiée et bon marché en vue d'un développement économique matérialiste (impérialiste ?), d'autres n'en veulent pas et disent "allez voir chez les autres !".
La première conséquence identifiable, c'est donc la suprématie économique de certains et la peur conduisant à des régimes incertains chez les autres. Et par conséquent, des fractures importantes susceptibles, non seulement de décrédibiliser l'Europe, mais de la rendre tout simplement obsolète.
La seconde conséquence à envisager, c'est l'augmentation de clivages dans la société européenne, de classes et de communautés antagonistes. Le ciment censé souder toutes les populations diverses, c'est pour certains le nantissement économique, pour d'autres l'idéologie solidaire issue de la révolution des peuples. Et si les conditions économiques changeaient brutalement comme lors des crises que nous avons connues ? Sans les moyens assumés actuellement par l'Etat et le secteur privé, le communautarisme qu'on tolère aujourd'hui et qui a tout intérêt à rester calme, se changerait progressivement en devenant agressif. On risque de voir apparaître une forme de balkanisation de l'Europe avec des guerres civiles plus ou moins marquées selon les régions et qui pourraient aboutir à de réelles guerres, avec influences et ingérences de pays plus ou moins lointains.
La compassion :
La compassion pour son prochain que l'on croise dans la rue (prochain vient de "proche") est affaire individuelle (message du Christ). La compassion à grande échelle est affaire de politique, ce qui est éloigné des concepts du Christ qui déclarait ouvertement qu'il ne faisait pas partie du monde, que ses disciples non plus et que le chef de ce monde était le malin. Ceci ne veut pas dire qu'en tant que responsable, il faille se montrer inhumain et ne pas être sensible à la détresse des gens. Néanmoins, force est de constater que ceux qui se lamentent aujourd'hui de cette situation n'ont rien fait pour l'empécher ou pour prendre des mesures préventives. On confond bien souvent compassion et lâcheté. Oui, ces mots font peur, parce que par le passé certains les ont utilisés pour vanter des pratiques inhumaines et c'est par peur, et lâcheté qu'on ne veut plus y toucher, comme traumatisés. C'est pour cette raison que les Allemands ont un nouveau Messie, le marché ! C'est lui qui sera leur libérateur ou leur boureau. Le nôtre, le socialisme, quoiqu'il en coûte, sera le nôtre aussi. Lorsqu'une gangrène se déclare, il est douloureux de devoir amputer, sur le front en 14-18, ça se faisait souvent (on était habitués à la boucherie à cette époque), mais c'était la seule façon de sauver le patient. On aura donc des morts dans tous les cas, mais plus on attendra et plus il y en aura. La compassion, la vraie, serait donc d'agir plutôt que de laisser faire. Il faut libérer les territoires volés, il faut y créer progressivement des infrastructures minimales capables de s'autosuffire avec des moyens modestes, et y réintroduire ces personnes de gré ou de force. La liberté n'a aucun sens si elle met en danger la liberté et la vie de tous.
Certains diront que la guerre est contraire à leurs croyances. En tant que personne ayant refusé d'aliéner ma décision de servir militairement par dévotion patriotique, je comprends ce point de vue. Mais le Christ a bien fait comprendre qu'il ne fallait pas s'inquiéter des évènements, qu'il y aurait des guerres et des bruits de guerre, il a aussi dit à ses disciples qu'il serait avec eux jusqu'à la fin du monde. Il n'a pas voulu arrêter les guerres, il fallait qu'il y en ait ! Il n'était pas militant pacifiste, il aurait eu du mal à l'expliquer à des juifs qui devaient leur existence à la destruction des armées égyptiennes par Dieu et à leur conquête du pays de Canaan, la terre promise par Dieu à Moïse. Comme le dit Salomon dans ses écrits : "Il y a un temps pour tout sous les cieux, un temps pour la paix et un temps pour la guerre". Je pense que nous nous en approchons à grands pas ces derniers temps. Si on se réfère aux années 1920 d'après guerre, la crise économique entraina la montée des extrémismes, puis la guerre. Nul ne peut dire le visage qu'elle montrera cette fois-ci mais sans actions entreprises rapidement, elle sera d'autant plus terrible.