De la codification au symbole
La codification existe depuis l'origine de l'homme. Elle lui permet de se repérer dans son environement, qu'il soit géographique, numéraire ... On peut se rappeler que dès la génèse, Adam donne un nom à chaque animal du jardin. Dieu aussi aida l'homme à se repérer au moyen des jours de la semaine, fixés à sept. Les astres créés bien avant, permettent aussi aux habitants de la Terre de compter le temps en mois et en années.
Le symbole, bien que présent aussi dès la génèse, est un concept beaucoup plus abstrait et son usage parmi les hommes n'a fait qu'augmenter avec le temps. Bien que cet usage n'ait pas toujours été judicieusement orienté, témoins les nombreuses pratiques occultes y faisant référence, le signifiant qualifiant un signifié se popularise de plus en plus.
La distinction entre code et symbole est parfois ténue. Prenons l'exemple des mots, de la parole. Ils sont des signifiants qui ont un signifié mais pas qu'un seul parfois. Le symbole s'immisce donc dans les mots et génère un code propre à l'esprit dans ses associations qui est si bien décliné dans la poésie.
La Bible nous aide à comprendre que du point de vue de Dieu, le symbole est supérieur au code. Ainsi, le symbole permet d'appréhender des choses complexes alors que le code, le nombre n'est qu'un outil, un moyen.
Un exemple de conflit entre symbole et code est donné dans le livre de Samuël au chapitre 24 avec son pendant du premier livre des chroniques au chapitre 21. David décide de faire le dénombrement des enfants d'Israël. Il est conscient qu'il ne doit pas le faire mais cède à la tentation de savoir sur combien d'hommes il règne. Bien qu'il se repente assez vite, le châtiment divin est terrible : Dieu lui donne à choisir entre trois fléaux. David choisit l'épée de Dieu. C'est alors que l'ange exterminateur intervient et tue 70 000 hommes. Alors que David voit cet ange entre ciel et terre avec son épée tournée vers Jérusalem, Dieu éprouve du regret et de la compassion (l'ange fait une pause), une négociation se met en place, alors David fait ce que Dieu demande et le peuple est épargné.
Le dénombrement d'Israël était vu comme un mal, de la part d'un dirigeant en Israël, car Dieu avait fait la promesse à Abraham et à ses descendants que son peuple serait innombrable, comme les grains de sable au bord de la mer. Nous viendrait-il à l'esprit de compter les grains de sable ? La seule utilité à l'époque était celle de flâter l'orgueil du roi. Par contre, il était prévu que le peuple puisse être compté car les conditions de ce comptage sont clairement données dans le livre de l'Exode au chapitre 30. "Lorsque tu compteras les enfants d'Israël pour en faire le dénombrement, chacun d'eux paiera à l'Eternel le rachat de sa personne, afin qu'ils ne soient frappés d'aucune plaie lors de ce dénombrement." (Ex.30:12) Le pauvre et le riche devaient payer exactement le même prix de rachat et cet argent devait servir au travail de la tente d'assignation, puis plus tard au temple. (Ex.30:13-16) Le recensement était possible en cas de besoin puisque Dieu lui-même l'avait demandé à l'époque de Moïse.
Le symbole de la promesse était donc plus important que de savoir combien d'individus peuplaient Israël. La foi en cette promesse aurait dû suffire au roi David, sans compter qu'Israël était d'abord le peuple de Yahwah, son vrai roi.
Le responsable du peuple qu'était David aurait dû plus s'attacher au symbole de sa position en voyant les choses dans un aspect global, plutôt que de se restreindre à une vision comptable et mesquine. Un dirigeant, même aujourd'hui, engage sa responsabilité ainsi que celle de son peuple dans ses actions, notamment en matière de politique étrangère. Aujourd'hui, nombre de machines peuvent remplacer l'homme dans des tâches mécaniques. L'homme est alors libre de s'atteler à des travaux plus abstraits. Jésus d'ailleurs, à un moment où on lui reprochait de se faire égal à Dieu, se référa à un psaume de la Bible (Ps. 82:6) où Dieu s'exprimait en parlant des hommes comme de dieux : "J'ai dit : Vous êtes des dieux" (Jean 10:34) Et de conclure, "Si elle (la loi) a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l'Ecriture ne peut être anéantie, celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde, vous lui dites : Tu blasphèmes! Et cela parce que j'ai dit : Je suis le Fils de Dieu... Croyez à ces oeuvres afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en moi et que je suis dans le Père"