économie et morale

L'essence de l'économie est sensée être signifiée par son étymologie, à savoir oikos, maison, et nomos, gérer, administrer.

Ou pour paraphraser cette signification, l'art de bien gérer sa maison. Maison a ici un sens plus global ou générique, il faut entendre plutôt environnement, ce qui a bien été compris par les écologistes car dans ce dernier mot, on étudie la maison, sous-entendu notre maison commune à tous, la Terre, ses lois et ses structures.

Ceci dit, au delà des commerces de proximité et des PMI relatives à nos besoins courants, l'industrialisation et la finance ont donné une nouvelle acception à ce terme. Ce processus a commencé à se développer surtout avec la révolution industrielle aux 17 et 18èmes siècles. Avec les empires, le commerce a pris une ampleur inédite. La course aux ressources (matières premières et capitaux humains et financiers) s'est enclenchée de manière accrue avec les nouvelles technologies (cf. "Le Capital de Marx"). Des rivalités individuelles, on est passé à des compétitions économiques de classes et de sociétés puis d'Etats. Le vingtième siècle en a fait les frais. De la compétition économique est née la sur-exploitation humaine et donc les revendications et révolutions. La démocratie voulue par les peuples est censée compenser la spoliation des puissants à l'égard des plus démunis. Celle-ci a néanmoins pris des formes très différentes selon les lieux géographiques où elle naquit. Les grandes guerres, ont transcendé, entre les peuples, plus les différents politiques que les haines. Les révolutions également.

Où en est-on aujourd'hui ?

Le système mondial ultra compétitif peut-il fonctionner à vitam eternam ?

L'argent est bien entendu un moyen d'échange dont, pour l'instant du moins, on ne peut se passer (quelle qu'en soit la forme, virtualisée ou non).

Le système bancaire permet de fournir ressources à ceux qui en ont besoin pour créer, produire, tout en ayant des fonctions matérielles telles que le pouvoir de frapper monnaie ou d'effectuer les transits de fonds.

Toute la difficulté provient du sentiment du travail et de sa rémunération. Un Etat riche prendra des mesures pour favoriser ceux qui représentent ses couleurs pour se protéger de productions extèrieures moins chères, un Etat plus pauvre ou en difficulté aura tendance à faire appel au protectionnisme ou à la fraude (copies illégales) pour se développer.

Le marché est censé équilibrer les choses à la longue, mais les peuples et les investisseurs sont-ils prêts à ça ?

En fait, l'exploitation impériale a changé de visage avec la délocalisation qui prive de travail les sociétés développées et exploite la main d'oeuvre locale.

Le marché, censé être un lieu où tout se vend et s'achète, est devenu extrêmement financier et spéculatif. Les gros investisseurs font la loi et orientent les cours en prétextant telle ou telle donnée. Vu leurs capacités financières, ils peuvent jouer à la baisse et à la hausse tout en étant gagnant sur les deux tableaux. Ce jeu est très dangereux pour les équilibres politiques de la planète car les Etats peuvent en être soit bénéficiaires, soit perdants. Le dictat des marchés est beaucoup plus puissant que celui des médias et les rend tyranniques.

Le malheur, c'est que les peuples ne se rendent pas compte qu'ils font le jeu de tel ou tel autre pro ou anta-goniste. Les Etats, avec les pouvoirs dont ils disposent (armée, police, justice, médias...), défendent ce qu'ils croient être leur intérêt et qui découle simplement et généralement de leur histoire. Par exemple, le peuple américain vivra comme étant une agression toute tentative à limiter le commerce et par voie d'extension la finance très libérale. C'est en effet là-dessus qu'est fondée leur révolution et émancipation vis à vis de l'Empire Britannique. Pour un pays tel que la Russie, toute tentative d'affaiblir sa main mise sur ses prérogatives de maitrise économique locale (avec ses implications territoriales, sociales et culturelles) est vécue comme une agression. Cela s'explique aisément dans son histoire où sa survivance n'a été le fruit que de son refermement sur elle-même et à la politique de la terre brulée, qui bien que violente et destructrice, fut finalement salvatrice avec l'idée du sacrifice salvateur porté au paroxysme (Stalingrad). La France fait d'ailleurs de même avec son rappel incessant du sacrifice des deux grandes guerres, la Chine aussi en rappelant le contexte de l'après-guerre et du maoïsme. Les anciennes colonies, quant à elles, justifient le refus de coopérer dans la négation à un néo-colonianisme. Toutes ces tendances sont des freins idéologiques à un développement harmonieux de l'économie mondiale et les marchés financiers, plutôt que de réduire ces différences, ne font que les amplifier pour se remplir les poches au détriment de l'être humain en général. On aurait tout à gagner à voir un système mondial réguler l'économie globale et à mettre de la morale dans tous ces échanges à caractère frauduleux. On a coutume de dire qu'un pouvoir fermé est corrompu, mais un système trop ouvert donne le champ libre aux requins de la finance qui finissent par tirer les ficelles dans ce jeu malsain et rend l'atmosphère générale crapuleuse.

Que penser de l'exploitation outrancière des matières premières ? Certaines commencent à manquer et attisent les convoitises. On peut penser à l'eau pour certains pays et aux matériaux précieux comme l'or, l'argent et le platine. Mais des matériaux aussi courants que le sable destiné à la construction ou plus recherchés comme les terres rares font aussi les frais du développement effréné de notre civilisation mondiale. Singapour puise illégalement dans les eaux territoriales de ses voisins pour pouvoir construire ses extensions sur la mer. Même si Dubaï se sert de manière moins frauduleuse, elle a épuisé ses réserves; étonnant non ? Hé oui, à la porte du désert, elle manque de sable. Pourquoi ? Parce que le sable du désert, errodé par les vents, n'est pas exploitable à ces fins si bien qu'elle a puisé dans ses fonds marins environnants; maintenant, elle l'importe d'Australie qui, elle, se frotte les mains avec les 5 milliards que ce marché lui apporte chaque année. Des appétits non recommendables sont attisés par la hausse des prix qu'entraine la croissance de consommation mondiale. Il faudrait repenser notre mode de construction, et notamment en bord de mer, et au lieu d'encourager des guerres couteuses entre Etats, couper à la source tous ceux qui profitent en causant le ravage écologique qui nous mène à une impasse non seulement économique mais de la vie sur terre même. Agir sur les méthodes de consommation peut inverser la tendance si les plus gros consommateurs que sont les Etats donnent l'exemple, à l'inverse un avertissement apocalyptique nous interpelle par l'injonction suivante : "Les nations se sont irritées, mais ta colère aussi est venue; voici le moment de ... détruire ceux qui détruisent la terre" (Rev. 11:18)*

(to be continued)