Relativités

On aborde ici un aspect philosophique et non scientifique. Malgré les apparences, le terme de relativité employé ne fait pas référence aux concepts développés par Albert Einstein dans ses théories (voir résumé ici : https://www.dialogus2.org/EIN/larelativiterestreinteetgenerale.html). Si Einstein a montré que tout était relatif, quoique sa théorie parte du principe que la vitesse de la lumière soit constante, on veut exprimer ici cette relativité dans les conceptions intrinsèques à l'esprit humain ou comme dirait Descartes, à notre entendement.

Premier aspect : facteurs d'échelle.

Un nouveau né a un champ de vision très limité. Il peut être capable de regarder et d'observer le regard de sa mère puis des objets qui vont attirer son attention, qui elle aussi est limitée dans sa profondeur mais aussi dans le temps. Par la suite le cercle des choses appréhendées par l'être humain s'élargit, jusqu'à concevoir l'existence de choses infiniment grandes ou petites. Il est intéressant de noter que plus on recule dans le passé historique, plus on restreint cet espace de compréhension. Ainsi, à l'époque de Copernic et de Galilée, la Terre était le centre de l'univers. En reculant encore, on s'aperçoit que les mystères insolubles du monde ne se concevaient que par divinités et pouvoirs magiques. Plus loin encore, chez les primates ayant précédé les humains, la vie se bornait aux objets du quotidien pour des besoins limités. Encore que, à la disparition de proches, il est prouvé que dans des temps très reculés, l'affect ait eu un impact sur la pensée dans la volonté de subsistence de la mémoire du défunt dans un au-delà indéfini.

On peut donc déduire de ce qui vient d'être évoqué, que l'exploration de l'espace et du temps propre à notre esprit est fonction du développement d'une part de notre être propre, et d'autre part, d'une civilisation embarquant des connaissances accumulées.

Deuxième aspect : facteurs d'influences.

Il est indéniable que, de même qu'un tissu plongé dans un colorant, l'individu ne soit teinté du milieu dans lequel il grandit. Cela a tendance à particulariser une société tant que ses membres, n'ayant pas acquis la culture suffisante à leur émancipation, restent soumis à des règles admises en son sein.

Troisième aspect : facteurs d'interprétation.

Qui, en regardant un papier peint ou des nuages ne s'est pas pris au jeu d'en deviner des formes et plus particulièrement (pourquoi donc ?) des visages...

On tent aussi naturellement à anthropomorphiser ce qu'on aime ; l'ours en peluche, nos animaux favoris, des albums, des peintures... Cette idée n'est pas neuve et l'affection vouée à des représentations humaines ou animales ont alimentées l'idolâtrie dans l'antiquité, voire même dans les églises ou temples divers et variés.

De cette remarque on pourrait facilement faire une extrapolation en admettant que les hommes ont tendance à se représenter ce qu'ils aiment ou vénèrent à leur façon, selon ce qu'ils sont capables de se représenter ou de concevoir, selon ce qu'ils connaissent de leur entourage. Peut-on dès-lors leur parler autrement que dans leur langage pour se faire comprendre ?

Le langage et l'écriture sont aussi très liées à la transformation réalisée par notre esprit. En effet, lorsqu'on parle, écoute ou lit, on affecte automatiquement des pensées aux mots en lieu et place des lettres qui constituent la réalité

Illustrations :

Je vais évoquer 2 sujets problématiques concernant la rationalité de la croyance pour illustrer mes propos. Le premier c'est l'ère des dinosaures, le second c'est la signification de la Shekhinah dans le tabernacle des juifs.

Il est évident que les dinosaures ont régné sur la Terre pendant une longue période de temps (environ 160 millions d'années). Ces créatures gigantesques et parfois terribles (les carnivores), inspirent chez nous de l'effroi. Elles heurtent naturellement le sentiment qu'on nous instille continuellement dans les religions sur l'existence et la qualité intrinsèque d'un dieu d'amour. Mais nous ferions ainsi une erreur fondamentale en voulant faire Dieu à notre image alors que c'est nous, qui ne sommes qu'une image de Dieu. Il faut admettre en effet que ce qui est spirituel nous dépasse et surtout que l'origine du tout nous dépasse, tout comme les étoiles et les galaxies que nous n'arrêtons pas de découvrir. Si l'homme a des sentiments tels que colère, violence... est-il si difficile de concevoir que si un être infini existe, qu'il soit aussi l'instigateur de tels sentiments ? La Bible ne dit-elle pas elle-même que tout ce qui existe exhale la sagesse si diverse de Dieu ? Par contre, si on y croit, on peut lui être reconnaissant de n'avoir pas été contemporains de ces animaux terrifiants. L'enseignement que l'on peut retirer de ces nouvelles connaissances, c'est qu'il faut savoir les intégrer et apprendre sur des réalités qui nous dépassent plutôt que de s'enfermer dans des conceptions restrictives en prenant conscience des facteurs d'échelle, d'influence et d'interprétation.

La Shekhinah (שכינה signifiant littéralement, « demeure ») est selon certains, une lumière miraculeuse qui existait sur l'arche de l'alliance entre les 2 chérubins et qui symbolisait la présence de Dieu chez Israël jusqu'à leur déportation à Babylone. Or ce mot ne figure pas textuellement dans la Bible. Un autre mot dont il est dérivé figure dans la Bible, il s'agit du mot "demeure" ou "présence". Il est lié au phénomène de manifestation visible de la présence de Dieu sous forme de colonne de fumée la nuit et de feu la nuit sensée conduire les Israëlites dans le désert du Sinaï. Paradoxalement, elle est interprétée comme étant la manifestation d'une présence invisible de Dieu dans le Temple juif. Ici, je noterai la translation humaine qui a été faite d'une caractéristique divine. En effet, vous remarquerez que cette présence vient avec une manifestation extérieure à l'homme. Elle est donc inhérente à des êtres étrangers à la Terre et non au peuple juif. Je critique donc ici la faculté de s'approprier ou de se représenter porteur de lumière alors que cette lumière nous est étrangère. Il s'agit donc bien aussi d'une confusion de facteurs d'échelle, d'influence et d'interprétation.

Conclusion :

Cette conclusion ne peut être définitive sur un tel sujet mais on pourra déduire de ce qui précède qu'il est important de faire un effort artificiel pour sortir des contingences habituelles afin de s'élever mentalement et spirituellement vers un ailleurs totalement inconnu à priori, plutôt que de tourner en rond dans les cercles vicieux stériles et conflictuels de nos conceptions limitatives et erronées.